samedi 28 novembre 2009

[Présent] Le Grand Orient contre le Vatican

Yves Chiron - Présent, 28 novembre 2009
Il y a presque un an, le 18 décembre 2008, le Saint-Siège et la France ont signé, « dans une discrétion voulue » écrivait Emile Poulat (La Croix, 7/8 février 2009), un accord « sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l’enseignement supérieur ». L’accord est simple : la France rejoint enfin la pratique des autres pays européens en validant officiellement les études universitaires poursuivies dans les établissements supérieurs catholiques. En d’autres termes, une licence de lettres ou un doctorat en théologie préparés, par exemple, à l’Institut catholique de Paris seront désormais reconnus au niveau européen pour poursuivre d’autres études dans d’autres universités (publiques ou privées) ou postuler à des emplois dans les autres pays européens. Ce qui n’était pas le cas jusque-là.
Mais cet accord reste très limitatif dans sa portée. La délivrance des diplômes universitaires reste interdite aux établissements supérieurs catholiques, l’Etat garde le monopole de l’attribution des grades et titres universitaires. Comme par le passé, soit la faculté catholique passe une convention avec une université d’Etat voisine qui valide la formation et délivre le diplôme, soit un jury d’Etat viendra évaluer les candidats et conférer le diplôme.
L’accord du 18 décembre 2008 n’a été publié au Journal officiel que le 19 avril 2009. Le retard est dû, sans doute, à la colère et au mécontentement qu’ont exprimés plusieurs organisations laïques et certains milieux universitaires. Au printemps dernier, un « Collectif pour la promotion de la laïcité » s’est constitué contre cet accord. Il est composé d’instances maçonniques (au premier rang, le Grand Orient de France), d’organisations laïques, toutes paramaçonniques, et de quelques députés (tous francs-maçons, tel Michel Charasse  et Jean-Luc Mélanchon). Ce Collectif a lancé une pétition et préparé un recours « pour excès de pouvoir », déposé devant le Conseil d’Etat, demandant l’annulation du décret.
Jean Baubérot, spécialiste de sociologie religieuse, chantre de la laïcité, a protesté, lui aussi, contre l’accord de décembre 2008 : « c’est un des fondements de la laïcité de l’enseignement qui est mis en cause, car celle-ci repose sur la collation des grades par les universités publiques ».
Venu du protestantisme, partisan d’une « laïcité inclusive », foncièrement anticlérical sous son apparence historienne (« la nocivité des Jésuites a été pendant près de deux siècles une évidence sociale » a-t-il écrit récemment), Jean Baubérot rejoint la franc-maçonnerie dans sa dénonciation du « repli identitaire réofficialisant de façon rampante des ”racines chrétiennes” » (Le Monde, 11 mai 2009).

Contre la « théocratie »


Le Conseil d’Etat ne s’est pas encore prononcé sur le recours déposé par le Grand Orient et ses supporters. Aussi, les instances maçonniques montent à nouveau au créneau. Le G. O. vient de lancer une nouvelle publication Franc-Maçonnerie magazine, diffusée en kiosque. Dans le premier numéro, Pierre Lambicchi, le président du Conseil de l’Ordre du Grand-Orient de France, signe un article offensif intitulé : « Quand le Saint-Siège impose ses diplômes en France ». Il s’insurge contre l’accord de décembre qui, selon lui, « attribue un véritable pouvoir d’ingérence au Saint-Siège sur le territoire français ».
Avec cet accord, il ne s’agirait de rien moins que d’ « une violation de la souveraineté de la République sur son territoire » : « Le Saint-Siège se retrouverait donc, si ce décret n’était pas annulé, dans la situation où une théocratie absolutiste et dogmatique dicterait à la République la reconnaissance des ”bons” diplômes et le rejet des “mauvais” diplômes, selon une appréciation purement religieuse et réduite au champ d’appréciation du dogme romain. »
C’est, bien sûr, une lecture fausse de l’accord du 18 décembre que fait le Grand-Orient. Émile Poulat l’a souligné: cet accord «ne se prononce pas sur la valeur et les effets civils des grades et titres délivrés par ces établissements [catholiques], qui continuent de n’en pas avoir au regard du droit français. Pour exercer certaines professions ou accéder à la fonction publique, rien n’est changé aux dispositions en vigueur, même si rien n’est dit.»

Yves CHIRON

Livres d'Yves Chiron + livres autour de Charles Maurras

Yves Chiron a écrit quelques livres, disponibles en librairie. Ils peuvent aussi être commandés directement auprès de l'auteur, la liste en est disponible ici au format PDF. Les ouvrages qui ont fait l'objet de traductions sont signalés pour information, mais ces traductions ne sont pas disponibles auprès de l'auteur.

Il est proposé, par ailleurs, en premier lieu, des livres, neufs ou anciens, de Charles Maurras. Puis, des ouvrages sur Charles Maurras et sur l’Action française et des ouvrages d’auteurs de l’école d’Action française. Et, accessoirement, des ouvrages et revues sur divers sujets. Cette initiative n’est pas une entreprise commerciale. Tous les bénéfices contribuent au financement des Éditions BCM dans le cadre de l’Association Anthinéa. - En voici la liste au format PDF.

samedi 14 novembre 2009

[Présent] Mgr Zoltan Meszlenyi, évêque martyr

Yves Chiron - Présent, 14 novembre 2009

La récente béatification de l’évêque Meszlenyi, martyr du régime communiste en 1951, a donné lieu à de nombreux articles qui, comme souvent, étaient plus ou moins la reproduction d’une brève dépêche d’agence. Le martyr de Mgr Meszlenyi devient ainsi presque une chose abstraite. Les sources disponibles permettent pourtant de saisir de plus près la réalité et la totale injustice de la persécution communiste.

Zoltan Lajos Meszlenyi était né le 2 janvier 1892 à Hatvan, dans une famille profondément chrétienne. Entré au séminaire d’Esztergom, il a ensuite été envoyé à Rome pour poursuivre ses études ecclésiastiques. Il étudie à l’Université pontificale grégorienne, où il obtiendra un  diplôme en droit canon et sera reçu docteur en philosophie et en théologie. Au cours de ses études romaines, il est ordonné prêtre le 28 octobre 1915.

À son retour en Hongrie, en 1917, ses capacités intellectuelles et sa vaste connaissance des langues étrangères (outre le grec et le latin, il maîtrisait l’anglais, l’allemand, l’italien et le français), permirent qu’il fût affecté au bureau central de l’archevêché d’Esztergom. L’évêque, Mgr Janos Csernoch, qui portait aussi le titre de Primat de Hongrie, avait été nommé en 1912 ; il resta en fonction jusqu’en 1927. Son successeur, Jusztinian Seredi, Primat de Hongrie de 1927 à 1945, conserva d’abord Meszlenyi dans ses fonctions puis, en 1937, il en fit un de ses évêques auxiliaires.

Consacré évêque le 28 octobre 1937, Mgr Meszlenyi se trouva associé à la charge pastorale du plus grand diocèse de Hongrie qui comptait alors 800.000 catholiques, 167 paroisses, 520 prêtres diocésains, 671 religieux prêtres et près de 3.000 religieux et religieuses.

Après les épreuves de la guerre, la pression du PCH (Parti Communiste Hongrois) puis sa progressive prise de pouvoir, soutenu par l’armée soviétique d’occupation, allaient jeter l’Eglise hongroise dans des décennies de tourments et de persécutions.

Les « ténèbres du mal »

En octobre 1945, Mgr Joseph Mindszenty succéda au cardinal Seredi comme archevêque d’Esztergom et Primat de Hongrie. Il exposa son programme en termes simples : « Rome et ma Patrie seront les deux étoiles qui guideront ».
Depuis quelques mois déjà, l’offensive politique contre l’Eglise avait commencé. Sous le prétexte de « nationaliser » les grandes propriétés foncières et de les redistribuer, un décret gouvernemental, en date du 15 mars 1945, avait confisqué la plus grande partie des terres appartenant à l’Eglise. « Ce décret, ont expliqué Paul Bozsoky et Laszlo Lukacs, allait avoir de grosses conséquences sur l’activité extérieure et sociale de l’Eglise. Privés de leurs ressources habituelles, certaines institutions : monastères, hôpitaux, orphelinats, foyers de personnes âgées, collèges et lycées se trouvaient en péril ».

Parallèlement, la « nationalisation » des maisons d’éditions et des imprimeries, le rationnement du papier et la censure sévère qui dépendait du ministère de l’Intérieur (« citadelle des communistes »), allaient entraver les moyens d’expression et d’apostolat de l’Eglise.

On ne rapportera pas ici toutes les étapes de la persécution contre l’Eglise et tous les actes publics de la résistance spirituelle du cardinal Mindszenty. Finalement, le 26 décembre 1948 il fut arrêté. Après un procès bâclé et inique, les 3-5 février 1949, il fut condamné à la prison à vie pour atteinte à la sécurité de l’Etat, espionnage et trafic de devises.

L’heure de Mgr Meszlenyi avait sonné. En 1950, malgré l’opposition du gouvernement, les chanoines de la cathédrale d’Esztergom l’élirent comme vicaire capitulaire, chargé d’assurer le gouvernement du diocèse en l’absence de l’évêque légitime en prison.

Comme l’a dit Mgr Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des saints : « Mgr Meszlenyi, quoique mesurant les risques, accepta sa nomination avec promptitude et disponibilité. La répression du régime ne se fit pas attendre ».

Dix jours après sa nomination, il fut arrêté. Il subit interrogatoires, tortures, isolement à la prison de Recsk, puis, sans même avoir eu un simulacre de procès, il fut envoyé au camp de concentration de Kistarcsa, près de Budapest. Il y mourut le 4 mars 1951.

« Confronté au dilemme fidélité ou trahison », selon l’expression de Mgr Amato, Mgr Meszlenyi « confirma avec force sa fidélité à l’Evangile ». Ses persécuteurs communistes, depuis le plus haut niveau de l’Etat jusqu’à ses gardiens, étaient animés de l’odium fidei, « la haine envers Dieu et envers l’Eglise. Les ténèbres du mal qui n’acceptent pas la lumière du bien ». L’expression est, encore de Mgr Amato.

Yves CHIRON

dimanche 1 novembre 2009

Xavier Soleil - Mes Partis pris (deuxième série) - Préface de Samuel Martin

Vient de paraître:
Xavier Soleil - Mes Partis pris (deuxième série) - Préface de Samuel Martin

Autant de bibliothèques que de lettrés : une fois inventoriés les titres de la culture courante ; une fois définie la part des lectures propres à une génération ; une fois, en quelque sorte, circonscrits les communs, chaque bibliothèque est unique par son corps principal, ses ailes, ses greniers, ses débarras et son jardin d’été… Entrer dans une bibliothèque autre, c’est, derrière les aspects séduisants ou déroutants, c’est, intimidé ou à l’aise, découvrir un monde organisé autrement, des perspectives nouvelles et des points de vue différents.

La bibliothèque de Xavier Soleil, telle qu’elle apparaît dans les pages qui suivent, montre avec force que la littérature est liée à la Cité, à ses dimensions religieuses, politiques et sociales. Par ce lien qu’on oublie parfois à l’usage, ou qu’on minimise pour privilégier la littérature comme évasion, des noms se trouvent rapprochés : Balzac, Béhaine, Le Play ; Rebell, Benjamin, Maurras.
Que des auteurs connaissent un temps de purgatoire, que d’autres ne restent appréciés que par un premier cercle, situation normale dans le cadre de l’histoire de la littérature. Mais les quelques noms cités ci-dessus, en majorité obscurs, le sont non par le jeu du temps mais parce qu’ils ne sont pas admis dans le domaine de l’histoire littéraire officielle : ils restent sous le boisseau par incompatibilité politique avec le système dominant. Ecrivains « interdits » - Drumont -, écrivains délaissés par lâcheté et facilité - Barrès -, parce qu’ils ont pris parti dans bien autre chose que des disputes de chapelles littéraires : dans la querelle politique des Anciens et des Modernes, lors de l’Affaire, lors de l’Epuration, etc., ils habitent l’enfer où la Démocratie laïque et obligatoire les maintient.

Parler d’un écrivain qu’on apprécie sans communiquer l’envie de le lire, serait un échec. On se convaincra de la réussite de Xavier Soleil à transmettre ses goûts et ses idées en lisant les études rassemblées ici, qui suggèreront à chacun d’augmenter sa bibliothèque de quelques noms et titres.

Samuel Martin

Bon de commande

Mes Partis pris ( deuxième série)
26 euros (+ 3 euros de contribution aux frais de port).

Du même auteur, chez le même éditeur

Mes Partis pris (2007)
23 euros (+ 3 euros de participation aux frais de port)

Histoire d’une Société de René Béhaine, pages choisies présentées par Xavier Soleil avec une lettre de Michel Déon de l’Académie française
28 euros (+ 3 euros de participation aux frais de port).
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Commande à adresser aux Editions Nivoit - 5 rue du Berry - 36250 Niherne, en précisant ses nom, prénom, et adresse de livraison. Chèque à l’ordre des Editions Nivoit.